Depuis février 2021, SOS Villages d’Enfants Suisse est le partenaire caritatif officiel d’Ovation eSports AG, une équipe professionnelle de Zurich qui pratique l’e-sport solidaire.
Avec les deux fondateurs, Patrick Gobonya et Leonard Cohrs, nous discutons des objectifs communs, des défis et des préjugés dans le domaine des jeux vidéo.
Pourquoi soutenez-vous l’ONG SOS Villages d’Enfants Suisse? Où voyez-vous un recoupement avec votre passion?
Chez Ovation eSports, nous sommes tous les jours en contact avec des adolescents et de jeunes adultes. En nous appuyant sur une approche durable, nous accompagnons nos joueurs sur la voie qui leur permettra de devenir des athlètes de premier plan. Malheureusement, dans le sport professionnel, l’accent est rarement mis sur la durabilité, mais plutôt sur les performances actuelles et la réussite à court terme. Pour notre part, nous nous sommes donné pour mission d’offrir à nos joueurs un environnement dans lequel ils peuvent progresser de manière optimale sur le «terrain de jeu numérique», mais aussi se préparer à la vie après une carrière professionnelle. Il s’agit là principalement d’éducation et de santé physique et mentale.
Le développement sain des enfants et des adolescents est un pilier fondamental de notre entreprise et de notre philosophie, et c’est précisément ce que nous voulons renforcer dans le cadre d’un partenariat avec SOS Villages d’Enfants Suisse et de projets communs. Bien entendu, nous souhaitons également profiter de visibilité auprès des jeunes pour leur montrer comment pratiquer un e-sport solidaire. Nous voulons sensibiliser les adeptes dès leur plus jeune âge aux actions caritatives et aux programmes de SOS Villages d’Enfants Suisse. La charité ne dépend pas de l’âge, elle concerne autant les jeunes que les vieux!
Créer votre propre équipe d’e-sport – qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas? Et quelle perspective voyez-vous pour l’e-sport?
Certainement la passion des jeux vidéo. Nous sommes tous deux des «Digital Natives». Le jeu nous a accompagnés à toutes les étapes de notre vie: première Game Boy à l’école primaire, PlayStation au lycée et PC de gamer à l’université. Pendant nos études, nous nous sommes tous deux intéressés de près à l’industrie des jeux vidéo. Cela a entraîné un changement de perspective, en passant du jeu occasionnel à l’analyse scientifique d’un phénomène de masse mondial. Le jeu est aujourd’hui pertinent sur de nombreux plans sociaux et scientifiques, par exemple dans l’éducation aux médias, les sciences de la communication, la linguistique et les sciences du sport. La complexité de cette industrie si jeune et en pleine croissance, combinée à notre passion, nous a amenés à créer Ovation.
L’e-sport est un phénomène de masse au potentiel incroyable. Sa forte croissance dans le monde entier ne se dément toujours pas. Les portails de streaming enregistrent déjà des chiffres d’audience élevés, et la tendance est à la hausse. Les gains peuvent par conséquent atteindre des millions de dollars. Nous sommes convaincus, comme de nombreux experts, que l’e-sport sera un jour plus important que le football. Bien sûr, nous n’avons pas encore atteint le plein potentiel, mais nous sommes en bonne voie. Vu les sommes en jeu, il est d’autant plus important de promouvoir un e-sport solidaire.
Beaucoup d’enfants rêvent aujourd’hui d’une carrière de gamer professionnel. Que faut-il pour y parvenir?
Cela se passe souvent comme dans d’autres sports traditionnels, par exemple le tennis ou le foot. Beaucoup rêvent de faire de leur hobby un métier, mais seuls quelques-uns y parviennent. Avant tout, il faut du talent et de la détermination. Beaucoup de jeunes pensent qu’il leur suffit d’investir huit heures par jour dans un jeu – en termes de gaming, cela s’appelle «grinder» – pour s’améliorer. Mais ce n’est pas le cas; il est beaucoup plus important d’utiliser efficacement son temps de jeu, d’identifier ses faiblesses et de travailler sur celles-ci. Un plan de formation, des objectifs clairement définis et une bonne gestion du temps comptent énormément.
Avez-vous des conseils à donner aux parents inquiets dont les enfants sont trop souvent assis devant l’écran, à leur goût?
Malheureusement, il n’y a pas de réponse universelle à cette question. En principe, il est important de permettre aux adolescents de développer des compétences liées aux médias de manière indépendante, mais dans le cadre de règles du jeu définies ensemble. Ces règles devraient être élaborées en concertation avec les jeunes. Cela peut par exemple concerner le temps de jeu quotidien ou la sélection des jeux. Il est toutefois important de s’intéresser au passe-temps de son enfant, de s’intégrer et de ne pas prononcer d’interdictions en tant que profane extérieur ayant des préjugés. Les interdictions et le fait de détourner le regard ne sont pas des concepts prometteurs lorsqu’on s’occupe d’adolescents.
Comment vous assurez-vous que vos joueurs font suffisamment d’exercice?
Nous sommes toujours en contact étroit avec nos joueurs et avons élaboré des plans d’entraînement individuels. En plus de ces derniers, nous subventionnons un abonnement de fitness de leur choix pour chacun de nos athlètes. En raison du coronavirus et de la fermeture des salles de sport, les joueurs font actuellement beaucoup de jogging et de vélo. Etant leurs partenaires, nous n’avons pas de mécanismes de contrôle mais préférons nous appuyer sur une communication ouverte.