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30.03.2022 Actualités Tous Mondial Ukraine : quand la réalité s’impose

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Quatre mères ukrainiennes ayant fui l’Ukraine après le déclenchement de la guerre nous racontent leur quotidien en Roumanie.

« Nous pensions rester deux semaines, mais cela fait déjà un mois », raconte Viktoria, une mère de deux enfants du sud de l’Ukraine. Viktoria et trois de ses amies proches, arrivées chacune avec deux enfants, ont fui la guerre en Ukraine et trouvé refuge dans le village d’enfants SOS de Bucarest.

« L’incertitude est effrayante », ajoute Viktoria. « Chez nous, nous avions notre vie, toute notre famille. Nous avions des projets – certains pour un week-end, d’autres pour l’été, ou pour l’année prochaine. Si un plan échouait, on avait un endroit où rentrer. Maintenant, on n’a aucune idée de ce qu’on doit faire. Est-ce qu’on doit prévoir quelque chose ? Mais quoi ? Où peut-on rentrer ? »

Des familles séparées

« Le 24 février, le jour où la guerre a commencé, cela a été un choc », raconte Hanna, une amie de Victoria. « Tu ne t’attends pas à te réveiller, à rassembler ce que tu peux, à prendre tes enfants et à partir sans savoir quand tu reviendras. Le choc initial s’est dissipé, mais la peur et l’incertitude subsistent. »

« Tous nos maris sont en Ukraine», ajoute Viktoria. « Nos parents, nos proches sont là-bas. Je parle à mon mari tous les jours. Il est seul maintenant. Je crois que la situation l’a endurci, mais je vois bien qu’il est triste. Nos enfants lui manquent, je lui manque, notre vie commune lui manque. Il me manque, et nos enfants ont envie de voir leur père. Tu vis en famille et soudain, tu dois prendre une décision qui te laisse seul. C’est difficile pour tout le monde, qu’on soit un homme ou une femme. »

« Mes parents me disent de ne pas m’inquiéter », dit Natalia, une autre amie de Victoria. « Ils disent qu’ils se sont habitués à la nouvelle normalité que sont les tirs, les obus et les sirènes qui annoncent les attaques aériennes. Ma mère dit qu’elles ne la réveillent même plus. « Quoi qu’il arrive, c’est mon destin », me dit-elle en me demandant de prendre soin de ses petits-enfants. »

Ensemble au village d’enfants SOS

Grâce à un contact dans l’entreprise où l’une d’elles travaillait, ces quatre mères et leurs enfants sont arrivés au village d’enfants SOS de Bucarest. Il se trouve que la filiale roumaine de cette entreprise était partenaire de SOS Villages d’Enfants Roumanie.

« Nous voulions rester ensemble, mais nous étions presque sûres que personne n’accepterait de loger quatre adultes et huit enfants entre 3 et 15 ans dans un appartement ou une maison. Nous sommes très reconnaissantes aux villages d’enfants SOS de nous permettre de vivre tous ensemble dans la même maison. Nous nous sentons plus à l’aise ensemble. Nous pouvons nous soutenir et nous consoler mutuellement », explique Hanna. Elle ajoute que sa sœur et ses parents ont réussi à venir en Roumanie et qu’ils emménageront bientôt dans la même maison du village d’enfants SOS de Bucarest. « Ce sera un grand soulagement de les avoir ici », affirme-t-elle.

Sur l’aire de jeux du village d’enfants SOS, les enfants peuvent être des enfants

Sur l’aire de jeux du village d’enfants SOS, les enfants peuvent être des enfants.

Une enfance bouleversée

Les huit enfants semblent bien s’entendre, du moins si l’on se fie aux rires et aux bousculades dans les chambres.

« Leur routine quotidienne a radicalement changé », explique Lena, la mère de l’aînée des filles, qui a 15 ans. « Leur vie a été bouleversée. Au début, ils étaient désorientés parce qu’ils devaient vivre dans une pièce avec moi, sans espace ni intimité. Ça se passe mieux maintenant, ils s’y sont habitués. Ma fille adolescente posait quelques problèmes. Rien de grave, juste le comportement habituel des adolescents, exacerbé par la guerre et la fuite de notre pays. Je lui ai pris un rendez-vous en ligne avec un psychologue, et elle s’est accommodée de notre nouvelle réalité, du moins pour le moment.»

De nouveau plus d’école

Les enfants en âge d’aller à l’école suivent des cours en ligne avec leurs enseignants, qui sont encore en Ukraine. Les mères disent que les enfants n’apprennent pas grand-chose. « Ils ont différents âges et sont dans différentes classes, qui ont toutes lieu à des moments différents », explique Viktoria. « Il n’y a donc pas de période déterminée pendant laquelle tous les enfants scolarisés sont occupés. Il y a toujours quelqu’un de libre pour jouer, ce qui perturbe les enfants qui vont en cours.

« Il y a une autre circonstance bien plus difficile, c’est que les cours sont souvent interrompus par des sirènes. L’enseignant s’arrête alors pour rejoindre les abris antiaériens. Au début, ça les énervait ; maintenant, ils disent tranquillement « l’école est finie ». »

Après une année à suivre les cours en ligne en raison de la pandémie de COVID-19, les enfants ukrainiens ne sont retournés à l’école que pour devoir cette fois se sauver la vie en fuyant. Pourtant, ces quatre mères n’abandonnent pas l’éducation de leurs enfants.

Ce dont les enfants ont besoin

« Nous travaillons toutes avec eux, en couvrant une heure ou une matière », explique Hanna. « Mais cela ne suffit pas. Ils ont besoin de manuels, de cahiers de travail, d’exercices en ukrainien, comme ils avaient à la maison. On n’en trouve pas encore en Roumanie. »

« Les enfants ont aussi besoin de faire du sport », ajoute Natalia. « Mes enfants pratiquaient le judo à la maison, et je serais heureuse qu’ils continuent, ou qu’ils fassent un autre sport. Certaines filles prenaient des cours de danse à la maison. Ça aussi, c’est nécessaire. Au fond, toute activité physique structurée est bonne pour eux. »

« Le dessin et la sculpture aussi », poursuit Lena. « C’est quelque chose que nous pourrions faire tous ensemble avec les enfants, car l’âge n’a pas d’importance en peinture et en sculpture. Je vois là un grand besoin pour ma fille adolescente. Dans notre village, il n’y a pas d’enfants de son âge, qu’ils soient ukrainiens ou roumains. Elle est en contact en ligne avec ses amis de chez nous, mais ce n’est pas la même chose. La plupart du temps, elle se sent seule et isolée. »

Les frères et sœurs réfugiés se donnent mutuellement des forces.

Les frères et sœurs réfugiés se donnent mutuellement des forces.

Une cicatrisation nécessaire

Lorsqu’on leur demande si elles ont elles-mêmes besoin d’un soutien psychologique, les mères répondent oui à l’unisson.

« Nous pouvons paraître fortes et résistantes, et peut-être le sommes-nous jusqu’à un certain point. Chacune de nous doit jouer à la fois le rôle de mère et celui de père. Nous devons paraître fortes pour le bien de nos enfants. Mais souvent, tu lis quelque chose, tu vois quelque chose, tu entends quelque chose, et ça te brise le cœur. La dure vérité te frappe : tu es loin de chez toi, sans ton partenaire, et tu ne sais pas si et quand tu rentreras. Tu te mets à pleurer. Les nuits sont particulièrement dures. C’est là que l’on se rend compte à quel point on a besoin d’une aide psychologique. »

Après un lourd moment de silence, Viktoria détend l’ambiance : « Nous avons également besoin de cours de langues, à la fois en anglais et en roumain. Et de faire un peu de sport nous-mêmes, comme du vélo ou des cours de fitness. Nous devons rester actives et nous tenir occupées. »

Un câlin de Maman et une bonne rigolade

Quand elles le peuvent, les quatre mères accompagnent leurs enfants dans les parcs de Bucarest. « Les parcs sont tout simplement magnifiques, ici », explique Viktoria. « Nous sommes également allés au Musée national d’histoire naturelle Grigore Antipa – les enfants ont adoré. Nous essayons de faire autant d’excursions que possible ; ça nous occupe, les enfants apprennent de nouvelles choses et nous passons tous un bon moment. »

Ce n’est apparemment pas toujours le cas, comme l’explique Hanna : « La visite du château de Bran, en Transylvanie, n’a pas plu à ma fille de dix ans. Avant de partir, nous avions expliqué à tous les enfants que le comte Dracula n’est pas réel et que tout ça n’était que des histoires. Mais c’était une journée froide et sombre, ce qui a rendu l’atmosphère assez effrayante et réaliste.

Quand ma fille a vu les bijoux de vampires proposés à la vente sur les stands de souvenirs, et le château qui se découpait dans le ciel obscur, elle m’a dit avec colère : « Tu avais dit que les monstres n’étaient pas réels. Je ne te le pardonnerai jamais ! » Je l’ai embrassée, serrée dans mes bras et, après quelques minutes, nous avons commencé toutes les deux à rire. Nous en rions encore. »

SOS Villages d’Enfants Roumanie accueille des enfants et des familles venus d’Ukraine dans les trois villages d’enfants SOS de Bucarest, Cisnădie et Hemeiusi. Le 26 mars 2022, seize enfants et sept parents venus d’Ukraine se trouvaient au village d’enfants SOS de Bucarest. Consultez notre page d’accueil pour en savoir plus sur l’aide d’urgence en Ukraine et aidez-nous à soutenir les enfants et leurs familles dans cette situation éprouvante.

Responsable du contenu:

David Becker

Lorsque je crée du contenu en mots et en images, je suis inspiré par la vue d'ensemble et touché par les petits détails.

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