Lors d’une visite chez Neva Bernasconi, 82 ans, ancienne directrice de SOS Villages d’Enfants Suisse, nous entreprenons un voyage dans le temps pour revenir à quelques-unes des années les plus marquantes de notre organisation d’aide à l’enfance.
Dans l’appartement de Neva Bernasconi, le lien émotionnel de longue date avec SOS Villages d’Enfants est manifeste au premier coup d’oeil. Des publications sur l’histoire et l’impact de l’organisation humanitaire s’empilent sur les étagères, des photos et des images des projets prises lors de voyages ornent les murs, tandis que des yeux attentifs décèleront les vestiges d’actions et d’événements spéciaux dont Neva aime se souvenir. Neva est arrivée chez SOS Villages d’Enfants grâce à Jean Schenk, l’un des membres fondateurs de l’association des Amis suisses des villages d’enfants SOS. «Je travaillais quelques heures pour sa société fiduciaire depuis 1977. En 1982, à la réunion internationale de la direction de SOS Villages d’Enfants en Suisse, j’ai rencontré pour la première fois d’autres collaboratrices et collaborateurs de l’organisation, notamment le responsable de parrainage d’Autriche. Cela a suscité mon enthousiasme!» En 1984, Jean Schenk l’embauche comme responsable de la communication. «À l’époque, chaque versement était saisi à la main. En 1985, nous avons installé les premiers ordinateurs dans notre bureau de Wabern. Pour le personnel, cela impliquait aussi de saisir 60 000 coordonnées. Une tâche colossale! Mais il fallait bien commencer quelque part.»
Dans son rôle de responsable de la communication, puis de directrice générale à partir de 1996, Neva accompagne plusieurs transformations décisives durant ses plus de 20 ans chez SOS Villages d’Enfants Suisse: de la certification ZEWO réussie au déménagement du bureau de Wabern à Liebefeld en 2004, en passant par l’inauguration du site Internet en 1999. Elle fait par ailleurs beaucoup de publicité et instaure de nouvelles mesures. En 1995, elle lance le magazine propre à la Suisse (à l’époque appelé Yeux d’enfants, puis Report et aujourd’hui ZOOM-SOS) et s’emploie à mieux faire connaître l’action de l’organisation d’aide à l’enfance, y compris en Suisse romande et au Tessin: «Pour moi, en tant que Tessinoise, il était complètement absurde de nous adresser à nos soutiens sur place en français.» Son intervention et ses efforts se reflètent également dans le résultat: les recettes liées aux dons passent ainsi de 4,5 millions de francs en 1986, à environ 18 millions de francs à la fin du mandat de Neva, en 2005.
À l’occasion de l’inauguration du village d’enfants SOS de Kitwe, en Guinée, Neva
est accueillie et habillée avec un costume conçu spécialement pour sa visite.
Les voyages effectués dans 20 pays occupent évidemment une place de choix dans son coeur et ses souvenirs. Elle a assisté à beaucoup d’inaugurations officielles de nouveaux villages d’enfants SOS, notamment à Amman, en Jordanie, et a même obtenu la citoyenneté d’honneur lors d’une visite en Guinée. «Les voyages ont toujours été formidables et impressionnants. Je pourrais écrire un roman rien qu’à partir des innombrables expériences vécues avec nos projets.» Neva, elle-même mère de deux fils, n’a aujourd’hui rien perdu de sa compassion et de son engagement pour les enfants. Elle aurait voulu devenir enseignante, à une époque où le canton de Berne n’employait pas de personnel enseignant de confession catholique. Malgré tout, elle a pu retrouver le chemin de l’école durant sa retraite. Cela fait maintenant 15 ans qu’elle s’engage avec le projet «win3» de Pro Senectute, afin de mettre son expérience au profit des élèves une fois par semaine. «J’aime les enfants, tout simplement. Ils ont toujours été ma principale préoccupation», nous explique Neva en souriant. Interrogée sur ce qui, selon elle, distingue SOS Villages d’Enfants des autres organisations, elle cite le soutien et la prise en charge à long terme des enfants et le fait que, très tôt, le souhait de ne jamais séparer frères et soeurs s’est imposé comme principe. Et elle a une recommandation pour notre avenir: «L’honnêteté. Ne faites pas des promesses que vous ne pouvez pas tenir. Et surtout: mettez tout votre coeur à l’ouvrage. C’est ce qui fait la différence et cela se reflète à tous les niveaux du travail.»